Soirée Forsythe par le Ballet du Rhin
"Enemy in the Figure" de William Forsythe © Agathe Poupeney
A la direction du Ballet du Rhin depuis 2017, Bruno Bouché poursuit son projet de constituer un répertoire qui questionne et bouscule l’héritage de la danse classique sans toutefois le renier. Pour ce programme, il a eu l’idée de rassembler Quintett, Trio et Enemy in the Figure, trois pièces de William Forsythe créées entre 1989 et 1996 et emblématiques du travail développé par le chorégraphe américain avec sa compagnie, le ballet de Francfort.
Quintett qui ouvre la soirée, est une excellente entrée en matière dans l’univers chorégraphique de William Forsythe : jeu sur les déséquilibres, extensions à l’extrême, vélocité dans les pas, courses effrénées, déphasage dans l’exécution des séquences. On retrouve tous les éléments du vocabulaire qu’il a imaginé à partir de la danse classique. Pleines de fougue, d’élégance et de légèreté, les variations se succèdent alors que la phrase musicale de Gavin Bryars se répète en boucle et agit comme une sorte de métronome qui monterait en puissance, soulignant le sentiment d’urgence dégagé par l’ensemble.

Quintett © Agathe Poupeney
Avec Trio, pièce courte et colorée, William Forsythe introduit un humour décalé dans son travail qui pourrait apparaitre, parfois, très cérébral. Entre chaque séquence dansée, des arrêts sur image viennent s’intercaler ; les danseurs se figent en montrant une partie de leur corps, points essentiels des mouvements exécutés ensuite. Vif, technique, déconcertant, Trio explore aussi la notion de contact entre les danseurs, moins présente dans les autres pièces de la soirée.

Trio © Agathe Poupeney
La soirée s’achève avec Enemy in the figure, véritable feu d’artifice chorégraphique. Sur le plateau, une cimaise incurvée partitionne l’espace, une corde au sol semble envoyer des signaux et un projecteur, régulièrement déplacé, permet de jouer sur les mises en lumière. A un rythme effréné, les danseurs interprètent des variations, sur le devant en pleine lumière, mais aussi sur les côtés ou à l’arrière-plan, parfois à peine visibles depuis la salle. Différentes scènes se déroulent simultanément, chacune plus captivante que l’autre. Studio de répétition ? Performance artistique dans une galerie d’art ? La composition électronique de Tom Willems, complice musicale de Forsythe à Francfort, et les costumes qui vont du simple justaucorps de travail à la création design, brouillent les repères et cultivent un certain mystère. Apothéose de l’univers esthétique unique développé par William Forsythe, Enemy in the figure clôt de manière magistrale cette soirée.

Enemy in the Figure © Agathe Poupeney
Les artistes du Ballet du Rhin ont survolé les redoutables difficultés techniques des trois ballets, permettant au spectateur d’apprécier chaque détail de leur construction chorégraphique. Ils ont surtout réussi à le faire avec esprit, à donner une âme à cette danse si exigeante qui, sans cela, ne serait qu’une démonstration de virtuosité.
William Forsythe continue de créer pour les plus grandes compagnies mais voir et revoir ses pièces qui ont marqué l’histoire de la danse est toujours aussi passionnant. Révolutionnaires dans les années 90, elles se révèlent, trente ans après, intemporelles.
Stéphanie Nègre
Du 27 février au 2 mars à l’Opéra de Strasbourg, du 14 au 16 mars à la Filature de Mulhouse
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